ZOOM sur « L’Essai au Féminin », un projet Rebonds!

« Une olympiade femelle serait impratique, inintéressante, inesthétique et incorrecte ».
Rien qu’ça.

N’en déplaise au baron de l’olympisme, les temps ont changé ; les normes se sont transformées ; les codes, cassés. Navrée mon cher Pierre, les femmes font désormais partie de l’équation.

Alors certes, y’a du progrès, mais rien n’est encore gagné.

Après cette entrée en matière « olympique », c’est sous un angle « rugbystique » que nous allons poursuivre ; coupe du monde en ligne de mire oblige.

Rien n’est encore gagné. Ça, Rebonds! l’a bien compris.

Rebonds! ?

Créée en 2004, cette association socio-sportive toulousaine utilise le sport comme outil d’éducation et d’insertion sociale à destination des publics en situation de vulnérabilité. Elle œuvre principalement dans les Quartiers Politiques de la Ville de la région Occitanie.
L’association s’est développée autour d’un projet fondateur : le Projet Insertion Rugby. Ce dernier permet la mise en place de cycles éducatifs au sein d’établissements scolaires, de structures péri – extrascolaires et spécialisées. En 2022 par exemple, plus de 11 000 jeunes ont pu bénéficier d’une initiation au rugby (voir les rapports d’activité de l’association). Au cœur du dispositif, les éducateurs socio-sportifs ont pour mission de repérer celles et ceux ayant un attrait particulier pour ce sport, afin de permettre leur intégration au sein d’un club. En outre, ces jeunes bénéficient d’un accompagnement individualisé dans leur parcours de vie, visant à résoudre des problématiques d’ordre social, scolaire et familiale entre autres. C’est le Suivi Rebonds!.

En 2008, l’association constate que, malgré l’enthousiasme des jeunes filles vis-à-vis de la pratique, ces dernières ont plus de difficultés à s’intégrer en club. Apparait alors la nécessité de créer un projet adapté, afin de rééquilibrer la balance.

L’Essai au Féminin voit le jour un an plus tard. Au-delà du jeu de mot bien trouvé, c’est l’essence même du projet qui en fait sa force. Tout au long de l’année, des entraînements réservés uniquement aux filles sont organisés à la sortie de l’école, pour celles des quartiers sensibles de la ville : 600 participantes aux 200 séances par an. Si les plus intéressées se voient bénéficier du Suivi Rebonds!, la plupart participent en fin d’année, au Tournoi au Féminin, point d’orgue de la saison ; un événement rassemblant toutes les bénéficiaires du projet, autour des valeurs du fair-play et de la coopération, lors d’un moment sportif et festif !

Si le sport féminin trouve progressivement sa place sur nos écrans de télévision, au sein des clubs et dans nos représentions, le chemin est encore long. Les freins culturels, les stéréotypes genrés notamment, y sont pour beaucoup ; ce phénomène étant exacerbé lorsqu’il s’agit des jeunes filles de quartiers.
Le choix de proposer des séances en non-mixité permet justement à ces dernières, de franchir le pas et d’être plus à l’aise dans un premier temps. Au-delà des notions d’accessibilité, de plaisir et de jeu, le but est qu’elles s’approprient progressivement l’espace public ; l’émancipation des bénéficiaires constituant un objectif sous-jacent.

En intervenant au cœur des quartiers sensibles, Rebonds! s’attache à transformer le regard sur le sport féminin : celui des filles sur elle-même mais également celui des autres. Rappelons que la pratique en non-mixité constitue seulement une étape dans le processus ; nécessaire à la prise de confiance.

La confiance justement, les filles n’en manquaient pas lors du tournoi de fin d’année, qui s’est déroulé ce 10 Mai 2023 à Toulouse. 372 jeunes filles y ont participé, alternant passes, essais et plaquages de qualité ! De bonne augure donc, si la France souhaite un jour avoir l’opportunité de battre les anglaises, ces « ennemies » que l’on adore détester !… 😉

Un projet comme celui mené par Rebonds!, s’inscrit pleinement dans la défense des enjeux actuels. Il montre que le sport est un formidable outil, au service ici, de l’égal accès au sport pour toutes et tous, et du développement du sport féminin.

Alors rien n’est encore gagné, mais y’a quand même du progrès.